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L’origine des cartes du test de Rorschach
Vous avez peut-être joué à ce jeu quand vous étiez petits : quelques gouttes d’encres colorées écrasées dans une feuille pliée en deux au milieu, et vous obteniez de jolis papillons, ou des oiseaux... votre imagination était en marche.
Ce procédé, la klecksographie, a d’abord été exploré par Justinus Kerner dès 1857, qui en intégrait dans ses recueils de poèmes. La reconnaissance de formes dans des éléments aléatoires est appelée apophénie.
Ce phénomène a été étudié par divers psychiatres, dont le fameux Hermann Rorschach. Psychiatre, il étudiait la perception humaine, et a fini par s’apercevoir que certaines réponses comportaient des constantes devant ce genre de taches d’encres, dans les cas de schizophrénie notamment. Il a alors conçu un jeu de dix cartes, soigneusement choisies pour les réponses intéressantes qu’elles soulevaient.
Des taches d’encres à la photomanipulation
Fortuitement, j’ai remarqué qu’en recopiant une photo sur elle-même dans Photoshop, après l’avoir retournée, l’effet de transparence associée à des effets de calque rendait d’autres formes par symétrie. J’ai immédiatement pensé aux cartes de Rorschach et aux taches d’encres.
Après quelques essais j’ai mis au point un procédé qui rendait des résultats magnifiques, étranges, parfois inquiétants, parfois hilarants. Mais pourquoi ?
Quelques explications
Pourquoi a-t-on tendance à voir des choses dans des taches ou des formes en miroir ? Après quelques recherches, on trouve des choses étonnantes : la vierge Marie sur une tranche de pain grillé, ou des lapins dans la Lune...
Le mathématicien Richard Taylor a découvert récemment avec une équipe de chercheurs de l’Orégon que la perception de formes est liée à la complexité des motifs de fractales des bords du dessin, ces figures répétitives trouvées partout dans la nature. Plus il y a de fractales dans un dessin, plus le nombre d’images perçues est limité. Cela veut dire aussi que moins les taches sont délimitées et complexes, plus l’interprétation qui en est faite est libre et multiple.
Ajoutez à cela que l’esprit humain est habitué à rechercher des motifs connus dans une image : dès que quelque chose rappelle plus ou moins des yeux, la personne qui regarde reconstruit des formes autour de ce motif reconnaissable. Est-ce un atavisme qui permet de repérer des prédateurs ou des proies de loin ? La nature produit quasiment toujours des créatures ou des plantes comportant un axe de symétrie...
Découvrez l’étrange série Rorschach par
Avec bien d’autres essais, je me suis rendu compte que les photos de nus artistiques conviennent parfaitement à la tâche : les visages, les cheveux, les membres ont tendance à se combiner de manière inattendue et très esthétique.
J’ai alors créé toute une série de photomontages sur le thème de Rorschach dont vous pouvez profiter dans la rubrique Photomontage, presque tous basés sur mes photos de nus. Si, si, regardez bien : ici des mains qui dépassent, là le globe d’un sein, là-bas une paire de jambes et ailleurs un visage tronqué.
Voici comment on peut concilier les taches d’encre, la psychiatrie et la photographie !
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Pas de chef-d’œuvre dans la paresse !
Salvador Dalí